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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 09:00

"La démence est une histoire de famille."

Effectivement, le destin de la famille Salomon semble se résumer tristement à cette phrase.

David Foenkinos s'est ici éloigné de son style habituel pour écrire ce roman.

Le point de départ : sa passion pour la peintre Charlotte Salomon, une jeune artiste qui est morte à Auschwitz durant la guerre.

Il nous livre ici le récit de sa vie, sous forme de courtes phrases qui semblent, de loin, être de la prose poétique. Mais il s'agit bien d'un roman.

La famille de Charlotte est marquée par le suicide : elle porte le prénom de sa tante, la soeur de sa mère, qui s'est noyée à vingt ans à peine. Sa mère, puis sa grand-mère mettront aussi volontairement fin à leur jour. Pendant longtemps, la petite Charlotte ne connaîtra pas le sort funeste des membres de sa famille.

"Peindre pour ne pas devenir folle."

Lorsqu'elle apprendra la vérité, ce sera le choc. Et pour survivre, aller au delà de ce destin familial funeste, et au delà de la guerre, qui a éclaté peut de temps auparavant, elle va créer une oeuvre puissante et fulgurante, qu'elle intitule Theater ? Oder Leben ? Un ensemble d'une centaine de gouaches, exécutées uniquement avec les trois couleurs primaires. Elle y représente sa famille, l'homme qu'elle aime, ainsi qu'elle même.

Personnellement, je ne suis pas une fan des livres de David Foenkinos, mais ce roman-ci ne peut laisser personne indifférent. Il nous invite à découvrir une artiste extraordinaire.

-> Charlotte, David Foenkinos, Gallimard, 18,50€.

-> Lien vers le site de l'éditeur.

Dans sa famille, pas une femme n'a échappé à son destin morbide.
Treize années séparent la mort de sa mère et celle de sa tante.
Tout comme la mort de sa mère et celle de sa grand-mère.
Oui, c'est exactement le même écart temporel.
Un geste quasiment identique pour toutes les trois.
Un saut dans le vide.
La mort à trois âges différents.
La jeune fille, la mère de famille, la grand-mère.
Aucun âge ne vaut donc d'être vécu.
Dans le train qui roule vers le camp, Charlotte établit alors un calcul.
1940+13=1953.
1953 sera donc l'année de son suicide.
Si elle ne meurt pas avant."

Extrait page 164

Charlotte, David Foenkinos, GallimardCharlotte, David Foenkinos, Gallimard
Charlotte, David Foenkinos, Gallimard
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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 09:00

Les singuliers est un roman épistolaire qui nous plonge dans une période très particulière pour l'histoire de l'art : la fin du XIXème siècle.

Nous sommes très exactement en 1888. Un jeune homme du nom d'Hugo Boch part vivre à Pont Aven et va rencontrer des personnages appelés Paul Gauguin, Emile Bernard, Paul Cérusier... Il écrit très régulièrement à sa cousine Hazel Boch et à son meilleur ami Tobias, tous les deux peintres eux aussi. Appartenant à la bonne bourgoisie belge, Hugo s'obstine à poursuivre une carrière artistique, au grand dam de sa famille, qui préférerait le voir travailler dans leur usine de faïencerie. Au fond de lui, Hugo sait qu'il n'est pas fait pour la peinture, et il va s'orienter vers la photographie, un art encore balbutiant à l'époque...

A travers cette correspondance, Anne Percin nous plonge dans l'ambiance de la fin du XIXème siècle, entre Paris, Bruxelles et Pont Aven. La Tour Eiffel est en cours de construction, les artistes s'opposent à l'académisme ambiant, et les femmes ont encore du mal à être acceptées dans les écoles d'art, tandis qu'un certain Vincent Van Gogh remue le microcosme culturel de cette époque avec des bouquets de fleurs...

"À part ça, j’ai enfin vu des toiles de Vincent. Une fameuse idée, ces tournesols, énormes comme des météorites ! J’ai toujours dit que la fleur était un sujet ridicule en peinture, et douté qu’on puisse en faire autre chose qu’un motif simplement joli, mais ce gaillard-là me fait mentir, tout simplement parce que ce ne sont pas là des fleurs qu’il peint. Ce sont des têtes humaines, chargées de songes et de soucis, écrasés de leur poids, pensives et bourdonnantes comme des cerveaux trop pleins… Vivantes ! Oui, plus que des portraits, de vraies têtes. Elles sont vivantes car elles ont  l’air de mourir sous nos yeux. En les voyant, je me suis dit que peindre la vie, c’est peut-être cela, au fond : montrer la mort au travail. C’est un grand bonhomme, finalement, ce Vincent." (Extrait pages 252-253)

En plus de Vincent, qu'Hugo ne rencontrera jamais, un autre homme domine le récit : Paul Gauguin et sa flamboyante personnalité, "l'homme aux yeux transparents qui a l'air d'un médium dans une soirée spirite".

Mêlant fiction et faits réels, Anne Percin nous fait revivre cette époque pleine d'effervescence et nous offre ainsi un très grand plaisir de lecture. Après Les singuliers, vous n'aurez qu'une envie : lire ou relire la correspondance entre Vincent et Théo Van Gogh, voir des tournesols ou quelques tahitiennes sous le ciel des Marquises...

-> Les singuliers, Anne Percin, Le Rouergue, 22€.

-> Lien vers le site de l'éditeur.

-> Il existe aussi une page Facebook sur Les singuliers : c'est par là !

Les singuliers, Anne Percin, Le Rouergue
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13 septembre 2014 6 13 /09 /septembre /2014 09:00

Orphelins de Dieu"Allons-y, dit-elle, partons. Allons rendre hommage à ces charognes."

Après avoir écrit Murtoriu, premier titre traduit du corse dans le catalogue Actes Sud, Marc Biancarelli nous propose un nouveau roman, écrit cette fois-ci en français, pour la rentrée littéraire 2014.

Ange Colomba - un clin d'oeil à Mérimée ?- est surnommé l'Infernu, l'Enfer. Redouté par ces semblables pour les nombreux meurtres dont il est coupable, le vieil homme sent la fin approcher.

Une étrange jeune femme, Vénérande, souhaite louer ses services, afin de venger son frère, mutilé par une bande de brigands. L'Infernu saisit cette occasion, qui sera sûrement son dernier contrat.

"Sans trop oser la dévisager, il se disait tout de même que la gosse était pas mal, malgré ce qu'il avait pu lui balancer de rosseries la veille. Mais elle ne devait pas le savoir, qu'elle était jolie. Jolie mais un peu crasseuse, et mal fagotée, même dans son manteau neuf qui lui allait comme une selle à un cochon. (...) Elle marchait un peu comme une nonne."

Durant le trajet qui va les mener jusqu'aux scélérats qu'ils poursuivent, il lui raconte certains méfaits de sa jeunesse, au sein d'une bande de renégats, des bandits qui au départ se sont révoltés contre la conscription, contre l'ordre "français" et ses "Bleus" mais qui aimaient aussi écouter clamer des vers de Dante...

Marc Biancarelli nous décrit un pays sombre et cruel, à l'aube du XXème siècle, bien loin du romantisme à la Mérimée, et il nous explique les germes de la violence qui etayera par la suite l'histoire de l'île.

Laissez-vous donc entraîner par ce duo décalé et étrange, dans une ambiance presque crépusculaire, où tous les ingrédients du western, à la sauce corse, sont présents : vous ne serez pas déçu !

-> Les orphelins de Dieu, Marc Biancarelli, Actes Sud, 20€.

-> Lien vers le site de l'éditeur.

Il s'allongea et réussit à s'assoupir, le temps de lui laisser faire ses préparatifs. Et de temps en temps il jetait un œil vers la mer et les îles, qui émergeaient dans la lumière glacée de l'automne. Il voyait ce calme plat, tout cet horizon découpé de berges sablonneuses et de terres encore vierges, où apparaissait parfois un petit carré plus clair qui était un champ lointain, au milieu des forêts de chênes-lièges et des étendues de cistes ébouriffés à la sève poisseuse. Et il se disait que ce pays était trop beau pour qu'on n'en éprouve pas une sorte de nausée. Tous ces minéraux, et ce sel marin qui irritait les yeux, et cette verdure à profusion qui jaillissait des roches, ça lui filait le vertige, et il en vint à regretter les espaces fermés de certaines villes de Terre Ferme qu'il avait connus jadis."

Extrait page 97

Les orphelins de Dieu, Marc Biancarelli, Actes SudLes orphelins de Dieu, Marc Biancarelli, Actes Sud
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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 09:00

 

 

Nous les avions aimés, adorés et ils sont sortis en format poche :

Viviane Elisabeth Fauville, Julia Deck, Minuit Double, 7€.

Le premier été, Anne Percin, Babel, 7€.

La Survivance, Claudie Hunzinger, J'ai Lu, 7,10€

Soit trois livres pour un montant de 21,10€ soit presque le prix du livre de Valérie Trierweiler ! Qui dit mieux ?

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 09:00

C'est sous le signe du zen que nous augurons cette nouvelle rentrée littéraire cuvée 2014. Quitte à crouler sous les titres (607 romans + celui de Valérie T.), autant le faire dans la sérénité et les bonnes ondes...

La rentrée littéraire 2014 à la librairie...La rentrée littéraire 2014 à la librairie...
La rentrée littéraire 2014 à la librairie...La rentrée littéraire 2014 à la librairie...La rentrée littéraire 2014 à la librairie...
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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 09:00

Après l'intriguant Viviane Elisabeth Fauville, son premier roman (qui sort en poche pour cette rentrée), Julia Deck signe un nouveau livre, tout aussi déstabilisant, Le triangle d'hiver.

On y retrouve son attrait pour les personnages un peu "border line". Cette fois-ci, l'héroïne se prénomme Mademoiselle, "un cas difficile doublé d'une absence totale de motivation".

Mademoiselle n'aime pas trop sa vie, elle en a assez de cumuler les petits boulots d'intérimaire. Elle décide de prendre le large, sous une fausse identité, Bérénice Beaurivage (qui est aussi le nom d'une héroïne d'un film de Rohmer, L'arbre, le maire et la médiathèque).

Elle sera donc Bérénice Beaurivage et écrivain.

Entre Le Havre, Saint-Nazaire et Paris, Mademoiselle traîne son ennui, tombe amoureuse d'un homme, l'Inspecteur, essaie de tromper son monde... Mais, attention, avec Julia Deck, rien n'est anodin. La dérive décrite dans ce roman saura bien vous surprendre à la fin de l'ouvrage.

-> Le triangle d'hiver, Julia Deck, Editions de Minuit, 14€.

-> Lien vers le site de l'éditeur.

 

D’abord le thé ou la madeleine. Humecter ses papilles afin d’améliorer le moelleux de son gâteau ou mordre la pâte bombée, d’une agréable couleur jaune-orange. Ça n’a l’air de rien mais c’est délicat, souvent ce genre de décision oriente l’avenir. Goûter d’abord la madeleine. Oui, c’est plus logique. Elle pose la tasse, ouvre la bouche et s’immobilise. Non, tremper le gâteau. Récupère son thé, s’apprête à l’y plonger. Ne sait plus. Se tourne alternativement vers la tasse et la madeleine, leur décochant son plus beau regard de méduse. Mais les objets résistent à cet interrogatoire et, de dépit, elle finit par verser le contenu de sa tasse dans un petit palmier en pot, engouffrant coup sur coup toutes les madeleines.
Des miettes pleuvent sur son pantalon de jogging, entre ses pieds où traînent les détritus, boutons, boulons, stylo Bic bleu privé de son capuchon. »

Extrait page 20-21

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27 août 2014 3 27 /08 /août /2014 09:00

 

 

Lecteur, lectrice, comme vous pouvez  le constater, la publicité a envahi l'espace du blog ! Il s'agit de la nouvelle politique mise en place par l'hébergeur de notre blog, Overblog.

Jusqu'à maintenant, Overblog proposait un espace gratuit et sans publicité, ce n'est plus le cas dorénavant.

Nous vous tiendrons au courant de la suite des événements mais ces choses envahissantes devraient disparaître d'ici peu...

à très bientôt !

 

 

 

 

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 09:00

Le blog de la librairie prend quelques vacances ! 

Mais la librairie reste ouverte tout l'été, aux horaires habituels.

La librairie sera exceptionnellement fermée le vendredi 15 août.

On se retrouve donc début septembre, en pleine forme et la besace pleine de bons conseils : on a quand même 607 livres à lire pour la rentrée !

Passez un très bel été, et n'hésitez pas à nous rendre visite pendant les vacances !

L'été 2014 à la Librairie du Parc !
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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 09:00

" Il lui était alors apparu comme une évidence qu'écrire des cartes postales était un acte de résistance."

Cette théorie de la carte postale est le thème idéal en guise de dernier billet avant les vacances (car le blog prend quelques vacances durant l'été).

Sébastien Lapaque est un inconditionnel de la carte postale. Il adore en écrire, il adore les collectionner et les lire. La lecture d'une carte postale ancienne, cet "imprimé sur un support rigide destiné à un usage postal, pour une correspondance à découvert" est un parfait prétexte pour imaginer la vie des personnes qui les ont écrites.

Emaillé de quelques éléments historiques, de réflexions personnelles, de citations poétiques, ce texte n'est ni nostalgique, ni du genre "c'était-mieux-avant", même si Sébastien Lapaque avoue son peu de goût pour les Short Messages Services.

Invitation à un certain art de vivre, à la lenteur, l'imagination, il vous donnera aussi l'inspiration suffisante pour écrire vos prochaines cartes...

"La correspondance par mail n'aura pas raison de la carte postale."

-> Théorie de la carte postale, Sébastien Lapaque, Actes Sud, 10€.

-> Lien vers le site de l'éditeur.

On ne devrait jamais se laisser déranger par son réveil… On devrait toujours laisser entrer le soleil par la fenêtre… On ne devrait jamais prendre de billet retour… On devrait toujours partir sans laisser d’adresse… On ne devrait jamais faire la vaisselle… On devrait toujours faire la sieste… On ne devrait jamais avoir de programme… On devrait toujours oublier sa montre… On ne devrait jamais compter le temps qu’il reste… On devrait toujours écrire des cartes postales. »

Extrait page 53-54

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 09:00

Voici quelques conseils pour aiguiller vos lectures pendant cet été 2014...

Et le tout en photos !!!

Eté 2014 : nos conseils de lectures !
Eté 2014 : nos conseils de lectures !Eté 2014 : nos conseils de lectures !
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Les libraires du Parc bloguent !

Découvrez l'actualité de la librairie du Parc / Actes Sud : nos coups de coeur , nos dédicaces...
Vous trouverez de tout (et surtout votre bonheur!) à la librairie du Parc, et pas uniquement les livres des éditions Actes Sud. Ici on aime la littérature, les livres pour enfants, la bande-dessinée, les sciences-humaines... Bref, tout ce qui est beau et bien écrit ! Venez découvrir notre quotidien !
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Collectivités, médiathèques, écoles peuvent s'adresser à la librairie pour toute commande de livres, et nous sommes à votre disposition pour établir un devis.
Les prix : la loi dite Loi Lang a fixé le prix unique du livre, celui établi par l'éditeur.

Notre coup de coeur du moment !

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Orphelins de DieuMarc Biancarelli, Actes Sud, 20€